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L’origine des kanndis

Pendant des siècles, les paysans ont cultivé le lin et le chanvre en Bretagne.

Dans le Léon, au nord du Finistère, une véritable industrie s’est progressivement installée aux alentours du XVème siècle : la Manufacture des Créées de Léon, la « créée » étant le nom de la pièce de toile. Cette industrie toilière rurale, dispersée dans de multiples hameaux sur le territoire, se distinguait par son nouveau mode de production : le fil, naturellement écru, était blanchi avant d’être tissé. Les toiles ainsi obtenues, étaient plus fines, de meilleure qualité et pouvaient donc être vendues plus cher. Le commerce du lin créa une période de prospérité économique inédite en Bretagne.

Pour effectuer le blanchiment du fil, des paysans-fabricants de toile ont construit des bâtiments spécifiques à cette tâche, on les appelle des kanndis. Le mot kanndi vient du breton kannañ qui signifie blanchir et ti qui veut dire maison. C’est donc dans ces « maisons à blanchir » qu’étaient traités les fils de lin : après les avoir enduits de cendres de hêtre, on les trempait dans de grandes auges remplies d’eau chaude puis on les rinçait puisque ces édifices se situaient toujours à proximité d’un cours d’eau. Après renouvellement de l’opération, le fil obtenait sa couleur blanche qui le caractérise.

On sait qu’à la fin du XVIIème siècle, il existait un millier de lavoirs à Lin entre Landerneau et Morlaix.

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Le kanndi du Fers

Le kanndi du Fers est le seul lavoir à avoir conservé ses murs intacts et presque tout son mobilier d’origine.

Pendant deux siècles, le rinçage se faisait dans le douet, canal en pierre de schiste, qui traverse le bâtiment. Le blanchiment continuait au soleil. Il fallait au total trois mois avant de considérer qu’un fil fut assez blanc pour permettre le tissage.

Il menaçait ruine quand, en 1996, l’association Saint-Thégonnec Patrimoine Vivant l’a restauré. C’est grâce à ses membres et à l’aide d’anciens professionnels du bâtiment, intervenus bénévolement, que ce trésor du patrimoine breton a pu être préservé et rétabli dans la meilleure qualité.

On trouve les traces de sept autres kanndis dans un rayon de 500 mètres et une centaine sur la commune. Celui de Kervilit porte encore la date de 1656.

Ce sont des éléments de patrimoine, certes modestes, mais essentiels car ils permettent le développement d’un tourisme vert par des itinéraires de découverte et la compréhension de l’Histoire de la région.