Historique du Cheval Breton
Jusque l’an 1500, rares sont les exploitants agricoles qui disposent d’un cheval. Il serait trop cher à entretenir. Les chevaux vivent en liberté dans les bois, et quand un seigneur en a besoin, on procède à la capture de poulains que l’on dresse. Les paysans travaillent parfois avec des vaches ou des bœufs, mais en général, tout se fait à la force des bras. Des entrepreneurs chargés de travaux nécessitant de lourds charrois possèdent des chevaux de petit gabarit, mais nerveux et pouvant en grand nombre tirer de lourdes charges. Les chemins sont étroits, creux, boueux et mal entretenus, d’où la difficulté de commercer. Les bourgeois enrichis au commerce du lin, les entrepreneurs qui construisent des manoirs ou des églises possèdent déjà une écurie de chevaux de races diverses que l’on nomme bidet breton. Sous Louis XIV, la Bretagne connait un déclin du commerce du lin lié à un essor des chantiers portuaires de par la militarisation du littoral. Colbert et Vauban ont décidé de mieux fortifier les frontières du royaume. On améliore les axes routiers principaux, les chariots lourds demandent à être tirés par des animaux plus forts. La sélection devient nécessaire, l’élevage se développe, avec en 1715, la création du premier haras national (Haras du Pin) dans l’Orne. Les races indigènes sont toutes regroupées sous le nom de « cheval breton ». L’élevage est très florissant dans le Léon, et bien plus qu’ailleurs en Bretagne. Les bidets bretons sont confortables pour les voyageurs. Ils trottent à l’amble. Résistants et rustiques, ils seraient les seuls, dit-on à être revenus de la campagne de Russie en 1814.
Au XIX° siècle, l’état des routes s’améliore considérablement. La qualité de la nourriture aussi. Nos chevaux sont plus grands et plus forts. L’équipement évolue, le collier d’épaule remplace le collier de cou, et on peut ainsi tirer de plus lourdes charges. Des foires comme La Martyre ou Morlaix sont réputées. L’armée a besoin de chevaux vifs pour les officiers et de chevaux trait-léger pour l’artillerie. Les instruments aratoires aussi évoluent, surtout depuis l’arrivée de la charrue Dombasle, qui creuse un sillon régulier et plus profond. Les écuries de nos fermes s’équipent, et avec l’apparition des concours, les Haras de Lamballe et de Hennebont envoient leurs cadres sélectionner les meilleurs étalons. Il y a rivalité et émulation entre les producteurs. Le croisement avec un cheval anglais en fait un coursier, utile pour la poste, les diligences et les transports légers. On distingue dès lors le cheval de trait et le postier lors des concours.
L’élevage reste florissant jusqu’à 1990, car on a des débouchés vers le Japon et l’Italie. Notre cheval se trouve aussi en nombre important dans le Centre de la France et dans le Sud-Ouest qui organisent encore aujourd’hui des concours de chevaux de race bretonne.
Bien qu’il stagne actuellement, le marché du cheval breton résiste néanmoins. Le cheptel a régressé, mais la qualité des reproducteurs est bien conservée.