Un enclos paroissial est une construction caractéristique de l’architecture religieuse bretonne. Il est constitué d’une porte triomphale, d’une église, d’un calvaire et d’un ossuaire, entourés d’un mur d’enceinte symbolisant la séparation entre l’espace sacré et l’espace profane. Le commerce florissant de la toile de lin et la foi profonde des paroissiens ont permis d’agrandir et d’embellir considérablement les enclos à partir du XVIème siècle. Considéré comme le plus riche d’un point de vue architectural, l’enclos de Saint-Thégonnec est classé monument historique.

La partie la plus ancienne de l’église de Saint-Thégonnec, le clocher gothique, date de 1563. Par la suite, de multiples remaniements ont jalonné le fil de son histoire : de 1590 à 1740, six générations de paroissiens ont modifié l’édifice pour en faire ce qu’il est aujourd’hui.

Les paroissiens de Saint-Thégonnec ont souhaité se démarquer des communes voisines en actualisant régulièrement le lieu. Grâce aux échanges commerciaux, les modes architecturales et les courants artistiques en vogue à l’étranger ont considérablement influencé la décoration de l’enclos.

Cet attrait de la nouveauté se manifeste particulièrement à certains moments clés de la construction :

  • En 1599 est posée la première pierre du grand clocher, haut de 43 mètres. A la place de l’habituelle flèche gothique, règne un magnifique lanternon.
  • Le XVIIIe siècle marque la construction des arcades en plein cintre alors que la plupart des églises bretonnes de l’époque portent des arcs brisés.

A l’intérieur, l’ensemble du mobilier témoigne de la fierté des paroissiens et de leur ferveur catholique de l’époque suite à la contre-réforme. Les retables polychromes richement décorés, les magnifiques vitraux et les nombreuses statues délivrent somptueusement les principales scènes de la Bible. La chaire à prêcher datant de 1677 impressionne par l’abondance et la finesse des sculptures. L’orgue, construit en 1670 par Jacques Mascard (qui fut probablement élève de Thomas Dallam) contribue à la grandeur de ce lieu d’exception.

Les multiples remaniements qui ont enrichi l’église au fil des générations, furent rendus possibles grâce au commerce du lin, qui marqua une période de prospérité économique inouïe en Bretagne.

En 1687, les taxes imposées par Colbert sur l’importation du drap anglais et, plus tard, l’arrivée du coton ont fragilisé brutalement l’exportation de la toile de lin. Les recettes de la fabrique ont fluctué et elle n’osa plus se lancer dans d’aussi grosses dépenses.

En 1998, un incendie a causé de graves endommagements à l’intérieur de l’église. Après sept années de travaux et d’efforts acharnés, elle fut restaurée à l’identique grâce à la mobilisation commune des habitants et au remarquable savoir-faire des ouvriers et compagnons.

Ces inestimables caractéristiques en font donc à la fois un monument essentiel du patrimoine historique breton mais aussi un témoin de la force de caractère de ses paroissiens. En effet : refusant l’archaïsme et cherchant à afficher leur foi de manière ostentatoire, ils sont parvenus à créer un lieu de culte exceptionnel et incontournable en Bretagne.

La légende de Saint-Thégonnec

Quonoc dénommé Thégonnec, disciple du saint breton Pol Aurélien, serait venu du Pays de Galles au VIe siècle pour évangéliser cette partie de la Bretagne. Reconnu comme le saint patron de la paroisse, c’est lui qui, selon la légende, aurait fait construire l’église de Saint-Thégonnec : il allait chercher des pierres à Plounéour-Menez, dans les Monts d’Arrée, quand, en traversant un bois, un loup se jeta sur le cerf qui tirait sa charrette et le tua. Saint-Thégonnec fit un signe de croix devant le loup qui fut aussitôt apprivoisé et remplaça donc le cerf pour tirer la charrette. Aujourd’hui, le loup est représenté sur le blason de Saint-Thégonnec.

Informations pratiques

L’église est ouverte toute l’année en dehors des célébrations religieuses. De 9h à 18h. Entrée libre.

Des visites guidées sont possibles :

  • Toute l’année, pour les groupes (environ 15 personnes).

Contactez l’office du tourisme : Téléphone : 02.98.79.67.80

email : stthegonnec@tourisme-morlaix.bzh

  • En juillet et août pour les petits groupes ou individuels Contactez la SPREV (Sauvegarde du Patrimoine Religieux En Vie)

Téléphone : 02.98.64.58.81

La porte triomphale

La Porte triomphale –ou Arc de Triomphe- marque l’entrée de l’enclos. Elle fut réalisée entre 1587 et 1589.

Construite en granite de Plounéour-Ménez dans un pur style Renaissance, elle est notamment reconnaissable aux lanternes qui en ornent les piliers. Les plus observateurs reconnaîtront dans les statues : l’archange Gabriel, Dieu le Père et Notre-Dame de Vrai Secours.

Le calvaire

Le calvaire de l’enclos paroissial date de 1610, c’est donc le dernier des sept calvaires monumentaux bretons. Il représente la Passion du Christ en plusieurs scènes (l’arrestation de Jésus, Jésus bafoué, la flagellation, le Christ lié puis prisonnier, Pilate se lavant les mains, la montée de la croix vers le calvaire, la mise au tombeau et la Résurrection). Sur le côté sud, vous remarquerez qu’un des bourreaux du groupe de statues de la scène représentant Le Christ bafoué porte les traits d’Henri IV. L’auteur n’est autre que le célèbre sculpteur landernéen Roland Doré.

La finesse du grain de la pierre de Kersanton dans laquelle sont sculptées toutes les statues donne à tous les personnages, et particulièrement à ceux situés sur la croix, une force d’expression remarquable.

Un ossuaire est un édifice religieux, qui servait originellement à accueillir les ossements des défunts, comme l’indique l’étymologie. Edifié entre 1676 et 1682, l’ossuaire de Saint-Thégonnec a la particularité de ne jamais avoir eu ce rôle : les paroissiens s’en servaient comme d’une chapelle funéraire, un lieu de prière pour honorer leurs morts. Deux autres ossuaires ont jadis composé l’enclos paroissial et remplissaient cette fonction première mais ils furent détruits au cours du XIXe siècle.

Merveilleusement esthétique, notamment grâce à sa remarquable symétrie, l’ossuaire de Saint-Thégonnec est considéré comme le plus achevé. Au centre de sa façade, le fronton protège une statue de Saint Pol Aurélien, un des sept saints fondateurs de la Bretagne.

A l’intérieur, un magnifique retable datant de 1685 est dédié à Saint-Joseph, patron de la Bonne mort. La splendeur lumineuse de cette création offre un contraste supplémentaire avec les ossuaires habituels, généralement ornés de décorations macabres.

Abritée dans la crypte, une Mise au tombeau, réalisée au début du XVIIIe siècle prend vie sous vos yeux grâce à dix personnages grandeur nature. Ces sculptures baroques en bois de chêne polychrome représentent le dernier épisode de la Passion du Christ : l’embaumement du corps de Jésus de Nazareth.

La petite taille des lieux et la discrétion de la lumière facilitent le recueillement.

Informations pratiques

L’ossuaire est ouvert de mi-avril à début octobre de 9h à 18h.

En juin, juillet et août de 9h à 19h. Fermé le reste de l’année.

Pour plus de renseignement contactez l’office de tourisme au 02.98.79.67.80.